Codex Bostrychus est une sculpture qui fige dans la pierre le langage éphémère laissée par le bostryche typographe dans l'écorce des arbres. Entre esthétique naturelle et intervention humaine, l'œuvre explore la rencontre entre biologie, technologie et mémoire.

Alors que le réchauffement climatique favorise la prolifération de cet insecte en Europe, l'œuvre propose une réflexion sur son impact écologique et son interaction avec la flore.

Les artistes ont d'abord collecté des fragments de bois bostryché dans les forêts jurassiennes, photographiant ces motifs organiques pour les intégrer à un processus de traduction numérique. 

À partir de ces archives visuelles, ils ont conçu un programme de dessin vectoriel leur permettant de retranscrire à la main, à l'aide de supports imprimés et d'une tablette graphique, les tracés laissés par l'insecte. 

Ces formes, enregistrées et analysées, ont ensuite nourri un algorithme développé par le trio, chargé de produire une synthèse visuelle des patterns par type de bostryches et de région.

Ces galeries générées ont finalement été usinées dans une stèle de pierre, assurant leur préservation à long terme. Le réseau de sillons organiques révèle en son centre une croix jaune fluo, à la fois évocation de la sève que les arbres libèrent en ultime défense et réminiscence des marques appliquées par les gardes forestiers pour désigner les sujets condamnés.

Par ce geste, l'œuvre sauvegarde dans la pierre une mémoire organique et propose une lecture croisée entre processus naturel et intervention humaine. Codex Bostrychus oscille entre archive et abstraction, entre disparition et persistance, interrogeant la manière dont nous percevons et conservons les empreintes du vivant à l'ère de l'anthropocène.