Ce triptyque photographique interroge la notion de propriété numérique en explorant la localisation - parfois secrète - des centres de données qui hébergent nos informations. À travers ces œuvres, Fragmentin examine notre rapport aux géants technologiques qui façonnent notre quotidien.

Par un processus automatisé appliqué à un outil d’imagerie satellitaire, les artistes ont extrait des fragments de textures topographiques en haute définition, qu’ils détournent afin de mieux se les réapproprier.

Ce geste, à la fois critique et ironique, renverse la notion même de propriété, faisant écho à l’appropriation massive de nos données par ces mêmes structures. Une fois mis à plat, ces morceaux de bâtiments prennent la forme d’une tapisserie numérique, où les pixels semblent agencés et optimisés par la machine de manière rigoureuse, générant à chaque fois des images empreintes d’une part d’aléatoire.

Ces compositions dévoilent des caractéristiques visuelles et architecturales propres aux centres de données, révélant ainsi la manière dont la technologie peut transformer notre environnement en un espace d’analyse et de représentation algorithmique.

Les paysages présentés proviennent de sites hautement sécurisés, souvent inaccessibles au public, où sont implantés les serveurs et centres de données des GAFAM. Loin d’être neutres, ces infrastructures imposent une nouvelle géographie faite de blocs aseptisés, intégrés tantôt dans des paysages naturels, urbains ou industriels. Leur implantation stratégique explore et exploite les ressources locales, notamment pour optimiser le refroidissement des serveurs, illustrant ainsi l’adaptation du numérique à son contexte géographique.

À travers ce triptyque, le trio nous invite à réfléchir à la relation complexe entre nos données, leur stockage, et l’influence des géants du numérique sur notre appropriation des paysages, qu’ils soient physiques ou virtuels.